« France Culture ouvre la porte de 3 clubs élitistes », Télérama, 02/02/2015

Par Laurence Le Saux

Trois documentaires plongent au cœur d’un monde traditionnellement inaccessible. Trois cercles aussi fermés que puissants pour politiques, diplomates, entrepreneurs influents…

Prestigieux et souvent discrets, ils attirent les élites. Le temps de trois documentaires, Claire Pouly-Borgeaud s’est intéressée pour France Culture à trois cénacles : le Women’s Forum, le cercle de l’Union interalliée, et le Club XXIe siècle. Le premier réunit à Deauville des femmes de « quatre-vingts nationalités, de métiers et d’horizons très différents, qu’elles soient entrepreneuses, membres d’ONG ou politiciennes ». Le deuxième accueille dans l’hôtel particulier Henri de Rothschild trois mille quatre cents hommes politiques, financiers, avocats ou diplomates. Le dernier martèle que « la diversité est une chance pour la France » et met en avant les parcours d’excellence, qu’il voudrait plus accessibles. Aux manettes de ces trois visites guidées, la productrice a choisi un ton neutre, ni excessivement valorisant, ni critique.

D’où est née l’idée de cette mini-série consacrée à ces clubs ?
Elle était dans l’air : France Culture y songeait depuis un moment, mais les projets lancés n’aboutissaient pas. De mon côté, je voulais axer ma réflexion sur les cercles en eux-mêmes plutôt que sur leur influence, qui est diffuse, compliquée à exposer en radio, et ne se limite pas à ces groupes. Je souhaitais pouvoir entrer dans ces lieux fermés et en rendre compte de l’intérieur, montrer comment vivent leurs membres.

Sans enquêter sur leur fonctionnement ?
Non. Je comprends qu’on puisse avoir envie d’une enquête, du contrepoint de sociologues par exemple, mais ce n’est pas l’objet de cette forme documentaire : il s’agit de s’imprégner d’une atmosphère, de la transmettre par le son. Le degré de précision du montage et du mixage — effectués par Julie Beressi et Assia Khalid — est important. Des indices sonores permettent d’intégrer d’autres informations que ce qui est dit : le bruit d’un collier de perles qu’on tripote en parlant, un ton un peu snob ou intimidé, le parquet qui grince… Je fais confiance à l’auditeur, que je considère comme intelligent et pourvu de sens critique, en lui donnant à entendre les choses de manière sensible — et non en faisant la démonstration verbale d’un jugement que j’imposerais.

Comment vous y êtes-vous prise pour faire accepter un micro en ces lieux ?
Ce fut une première pour l’Interalliée. J’ai pris contact avec son président par un biais personnel. Il m’a reçue pendant trois heures, a pris six mois de réflexion, puis m’a fait passer devant une commission culturelle pour expliquer mon projet… Il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser les membres, gagner une liberté de circulation. J’ai cherché à établir une discussion — quitte à couper ensuite mes propres propos —, à les mettre en valeur, afin qu’ils puissent dire ce qu’ils pensent.

 Sur les docks, du lundi au mercredi 17.00, France Culture.

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